10 septembre 2020 — Communiqué de presse

En moyenne, plus de deux tiers des populations de vertébrés étudiées dans le monde sont en recul

Le WWF publie aujourd’hui le Rapport Planète Vivante 2020, dont les résultats sont alarmants

Les effectifs étudiés de vertébrés - mammifères, oiseaux, reptiles, amphibiens et poissons - continuent de diminuer rapidement. La pression sur les populations d’animaux exercée par les activités humaines a encore pris de l’ampleur. La chasse illégale, la déforestation et l’agriculture nuisible à l’environnement ne sont que quelques-unes des causes de ce phénomène. Le dernier Rapport Planète Vivante du WWF révèle une situation choquante et définit des mesures urgentes pour inverser la tendance d’ici 2030.

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Matécho Wald in French Guiana
  • Les effectifs mondiaux de vertébrés étudiés - mammifères, oiseaux, amphibiens, reptiles et poissons - ont reculé de deux tiers en moyenne en tout juste un demi-siècle. Ce recul est pour l’essentiel dû aux mêmes causes que celles qui ont contribué à l’apparition de zoonoses telles que la COVID-19: la déforestation, une agriculture non durable et le commerce illégal d’animaux sauvages. Le WWF a publié aujourd’hui ces faits dans le Living Planet Report 2020.
  • Selon l’organisation environnementale et plus de 40 ONG et institutions académiques, une stabilisation et un renversement des pertes subies par la nature ne pourront être réalisés que si des mesures de protection courageuses et ambitieuses sont prises. Une transformation est également nécessaire au niveau de la production de denrées alimentaires et de notre consommation.
  • La 75e assemblée générale de l’ONU, qui se tiendra la semaine prochaine, sera une étape pour créer les bases d’un «New Deal» urgent pour la nature et la population mondiale. Les chefs d’Etats et des gouvernements se pencheront en effet à cette occasion sur la réalisation des traités de protection du climat et des espèces.

Citations de Thomas Vellacott, directeur général du WWF Suisse:

«La population de gorilles des plaines orientales a reculé de 87% en 20 ans, surtout en raison du braconnage. Dans les habitats d’eau douce, les effectifs examinés ont subi une perte de 84% en moyenne entre 1970 et 2016. Pour exemple, citons la population d’esturgeons qui a disparu à 97% dans le Yang-Tsé en raison de la construction de barrages.»

«L’homme a le pouvoir de détruire la nature. Ou de la préserver.»

«Nous publions le Rapport Planète Vivante tous les deux ans. Chaque édition montre de plus en plus clairement que la destruction croissante de la nature par l’homme a des conséquences catastrophiques sur les effectifs d’animaux sauvages, sur la santé humaine et sur tous les aspects de notre existence.»

«Le grave recul des populations d’espèces animales sauvages étudiées est un signal d’alarme de notre planète, annonçant un effondrement total du système.»

«Depuis les poissons dans nos océans et rivières jusqu’aux abeilles qui jouent un rôle décisif dans notre production agricole, le recul de la faune sauvage a un effet direct sur la sécurité alimentaire et sur les bases existentielles de milliards de personnes.»

«Il faut des mesures coordonnées au niveau mondial pour lutter contre la perte de biodiversité à l’échelle planétaire. Ces mesures doivent prendre effet avant la fin de cette décennie si nous voulons protéger notre santé et notre existence. Notre propre survie dépend du bon fonctionnement des écosystèmes.»

Recul des populations jusqu’à 99%

Le Living Planet Index, établi par la Zoological Society of London (ZSL), montre que les facteurs qui accroissent la fragilité de la planète à l’égard des pandémies sont aussi les moteurs du recul des populations mondiales de vertébrés de 68% en moyenne entre 1970 et 2016. En font partie les changements d’affectation des terres, y compris la déforestation ainsi que l’exploitation et le commerce d’animaux sauvages.

Au nombre des espèces menacées d’extinction, on trouve notamment le perroquet jaco au sud-ouest du Ghana, dont les effectifs ont reculé jusqu’à 99% entre 1992 et 2014. En effet, en plus de faire l’objet d’un commerce intensif, cet oiseau voit ses habitats détruits. Les effectifs d’animaux sauvages vivant en eau douce ont subi quant à eux une diminution de 84%, ce qui correspond à une perte annuelle de 4% depuis 1970. La diversité des espèces dans ces habitats est massivement réduite par les captages excessifs et la pollution de l’eau, les constructions réalisées sur les cours d’eau, l’arrivée d’espèces venues d’autres régions et le dragage des rivières.

Des actions courageuses

Le Living Planet Report montre, au moyen de modélisations innovantes, que la biodiversité mondiale va continuer de se réduire comme une peau de chagrin si des efforts ne sont pas entrepris pour lutter contre la perte et la détérioration des habitats. L’article publié aujourd’hui dans la revue Nature («Bending the curve of terrestrial biodiversity needs an integrated strategy», par le WWF et plus de 40 ONG et institutions académiques) montre qu’une stabilisation et un renversement de tendance en matière de perte de ressources naturelles ne pourront être atteints que si des efforts courageux et ambitieux sont entrepris. Par ailleurs, il révèle que des transformations sont nécessaires dans la production de denrées alimentaires et notre consommation.

Une production alimentaire plus efficace et plus durable d’un point de vue écologique font partie des changements indispensables. S’y ajoutent la réduction du gaspillage alimentaire et l’encouragement d’un mode d’alimentation plus sain et plus respectueux du climat. On ne peut plus continuer comme maintenant. Nous dépendons, pour notre survie, d’écosystèmes sains.

La 75e assemblée générale des Nations Unies se tiendra la semaine prochaine. Pour l’occasion, les chefs d’Etats et de gouvernements réunis analyseront les progrès réalisés par rapport aux objectifs de développement durable, à l’Accord de Paris sur le climat et à la convention sur la diversité biologique. L’assemblée générale de l’ONU sera une étape pour créer les bases d’un «New Deal» urgent pour la nature et la population mondiales. Une telle action n’a jamais été aussi pressante qu’aujourd’hui.

Contexte:

  • En évaluant 4392 espèces et 20 811 populations d’animaux sauvages, le Living Planet Index 2020 révèle un recul moyen des effectifs de 68% entre 1970 et 2016. La variation de l’index en pour cent reflète l’évolution proportionnelle moyenne de la taille des effectifs d’animaux, qui sont analysés depuis 46 ans, et non le nombre d’animaux individuels que nous avons perdus.
  • Le Living Planet Report 2020 complet en anglais, son résumé en anglais et son résumé en français peuvent être téléchargés en ligne. Des photos sont disponibles ici.
  • Le Living Planet Report 2020 est la treizième édition de cette publication phare du WWF, qui paraît tous les deux ans.

Contact:

Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse, 021 966 73 75, pierrette.rey@wwf.ch