08 décembre 2023 — Communiqué de presse

Palmarès climatique: comparée aux autres pays, la Suisse piétine

Par rapport à l’année dernière, la Suisse n’a gagné qu’une place de sorte qu’elle se classe 21e sur 67 dans l’indice de protection climatique international 2023. Bien que les objectifs climatiques aient été définis dans la loi suisse sur le climat, leur mise en œuvre se fait attendre. Que peut faire la Suisse pour corriger le tir et que font les autres pays pour obtenir de meilleurs résultats?

  • En matière de protection du climat, la Suisse n’a pas su s’améliorer de façon éclatante puisqu’elle n’a gagné qu’un rang et passe de la 22e à la 21e place. En 2021, elle se classait encore 15e.
  • La faible part d’énergies renouvelables dans son mix énergétique et sa politique climatique nationale lui valent de mauvaises notes.
  • En décembre, le Conseil national peut toutefois ouvrir la voie à des améliorations avec une conception ambitieuse de la loi sur le CO2. Le développement rapide de l’énergie solaire sur les infrastructures existantes, en particulier, permettrait de gagner des points.
  • C’est à nouveau le Danemark qui se classe en tête, avant tout grâce à sa part élevée d’énergies renouvelables. Les pays producteurs de pétrole sont quant à eux lanternes rouges du classement.

Citation dePatrick Hofstetter, spécialiste du climat au WWF Suisse

«En approuvant la loi sur la protection du climat, le peuple suisse a pris une décision qui fait autorité. Toutefois, des objectifs ne suffisent pas à provoquer le changement. Les milieux politiques doivent prendre le mandat au sérieux et le réaliser. C’est pourquoi le cap suivi jusqu’à présent doit être corrigé cette année encore.»

Les objectifs sont limpides: jusqu’en 2030, la Suisse veut diviser par deux ses émissions par rapport au niveau de 1990 et atteindre la neutralité climatique en 2050 au plus tard. Le peuple a approuvé cette trajectoire en juin dernier. Il s’agit d’une étape importante, mais la politique suisse manque d’idées sur la manière d’atteindre ces objectifs, constatent les responsables du Climate Change Performance Index 2024 (CCPI), présenté aujourd’hui à la Conférence mondiale sur le climat de Dubaï. Battue une nouvelle fois par de nombreux autres Etats, la Suisse ne se classe qu’au 21e rang, derrière l’Inde ou l’UE considérée dans son ensemble.

Ne pas laisser passer cette chance

Le 20 décembre déjà, le Conseil national aura la chance de corriger le tir et de décrocher de meilleures notes à l’avenir. En effet, il devra se pencher sur la loi sur le CO2, le levier le plus important pour la mise en œuvre des objectifs climatiques. Actuellement, elle présente une lacune importante qui peut être corrigée, par exemple en continuant d’augmenter progressivement le montant de la taxe sur le CO2 prélevée sur les combustibles fossiles. Cette mesure créerait des incitations à remplacer, enfin, les anciens chauffages à mazout et à gaz.

En plus d’augmenter le produit de la taxe par habitant redistribué de manière équitable, elle garantirait le soutien apporté à l’assainissement des bâtiments. Si le Conseil national ne saisit pas cette chance, il faudra se rabattre sur des projets climatiques controversés et onéreux à l’étranger afin de compenser nos émissions, du moins sur le papier.

Le Danemark toujours en tête, les places 1 à 3 toujours vacantes

Les places 1 à 3 de l’indice de la protection du climat sont toujours vacantes, aucun pays ne se trouvant effectivement sur une trajectoire de limitation à 1,5 degré. Le Danemark, classé 4e, mène le peloton, cette année encore. Il suit une politique climatique ambitieuse: d’ici 2030, ses émissions doivent être réduites de 70% par rapport à 1990 sur son territoire. La production d’électricité se passe déjà largement d’énergies fossiles au profit des énergies renouvelables, la chaleur à distance permet de chauffer les bâtiments sans préjudice climatique et la mobilité piétonne et cycliste est prioritaire dans les villes. A titre de comparaison, la Suisse prévoit au maximum 34% de réductions sur son territoire.

Les grands producteurs de pétrole et de gaz que sont l’Arabie Saoudite, l’Iran et les Emirats arabes unis forment la queue du classement.

Contact:

Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse, tél. 021 966 73 75, pierrette.rey@wwf.ch

Votre interlocuteur à la Conférence sur le climat à Dubaï:

Patrick Hofstetter, spécialiste des questions climatiques au WWF Suisse, tél. 044 297 22 77, patrick.hofstetter@wwf.ch

Informationen zum Klimaschutz-Index:

Informations sur l’indice de la protection du climat

L’indice de la protection du climat (Climate Change Performance Index, CCPI) publié par Germanwatch, le Climate Action Network et le New Climate Institute est un classement de 63 pays, plus l’UE dans sa globalité, responsables ensemble d’environ 90% des émissions de gaz à effet de serre mondiales. Le Nigeria, le Pakistan, l’Ouzbékistan et les Emirats arabes unis y figurent pour la première fois. Les quatre catégories évaluées sont les suivantes: émissions de gaz à effet de serre (40%), énergies renouvelables (20%), consommation d’énergie (20%) et politique climatique (20%). Ce dernier point repose sur les estimations de spécialistes issus d’organisations et de think tanks des pays concernés. Cette année, pas moins de 450 expertes et experts ont participé à l’élaboration de l’indice.

Lien vers le rapport du CCPI: www.ccpi.org

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Klimaschutz-Index 2023