12 juin 2019 — Communiqué de presse

Victoire d'étape pour la biodiversité: le Conseil fédéral veut interdire des pesticides nocifs

Après de longues discussions, l'Office fédéral de l'agriculture (OFAG) a finalement décidé de révoquer les douze autorisations de pesticides contenant les substances actives chlorpyrifos et chlorpyrifos-méthyl. L'autorité a informé Greenpeace Suisse et WWF Suisse en conséquence. Les deux organisations environnementales militent depuis des années pour l'interdiction du chlorpyrifos. Le produit utilisé en agriculture peut endommager le cerveau des embryons et des jeunes enfants. Et il est très toxique pour les insectes, les oiseaux et les animaux aquatiques. Il faut se féliciter de cette décision. Mais c'est loin d'être suffisant. D'autres pesticides particulièrement problématiques doivent maintenant être retirés du marché.
 

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Erdbeeren in einer Schale

© Greenpeace / Nicolas Fojtu

Cette étape était attendue depuis longtemps. L'OFAG a finalement décidé de révoquer les douze autorisations qu'il avait accordées pour les insecticides contenant les substances actives chlorpyrifos et chlorpyrifos-méthyl. En conséquence, neuf de ces pesticides doivent être retirés immédiatement du marché, trois autres peuvent encore être vendus pendant douze mois. Les agriculteurs sont autorisés à épuiser les stocks existants pendant douze mois. Au total, 26 produits sont concernés par le retrait. La décision n'est pas encore définitive. Les entreprises concernées disposent d'un délai de 30 jours pour introduire un recours devant le Tribunal administratif fédéral.

Des produits toxiques au quotidien

Le chlorpyrifos et le chlorpyrifos-méthyl ont été mis sur le marché dans les années 1960. Ils comptent encore aujourd'hui parmi les insecticides les plus utilisés dans le monde. Pendant des décennies, ils ont été utilisés, entre autres, pour pulvériser des pommes de terre, des légumes, des baies et des raisins. En Suisse, les substances actives ont été libérées dans l'environnement en quantités de 10'000 à 15'000 kilogrammes/an au cours des cinq dernières années.

La base scientifique est incontestable : le chlorpyrifos et le chlorpyrifos-méthyl ont une structure similaire à certains produits chimiques susceptibles d'être utilisés comme des armes de guerre (gaz neurotoxiques). Ils sont extrêmement toxiques pour les oiseaux, les mammifères, les poissons, les amphibiens, les insectes et en particulier tous les types d'abeilles et de bourdons. Les ingrédients actifs tuent également la vie dans le sol et endommagent notre propre base nutritionnelle. De plus, ces substances sont très dangereuses pour l'homme. Les scientifiques ont démontré que l'ingrédient actif peut causer des lésions cérébrales chez l'enfant à naître pendant la grossesse.

Une décision correcte, mais loin d'être suffisante

Les organisations environnementales Greenpeace et WWF Suisse ont fait campagne pour l'interdiction du chlorpyriphos et du chlorpyriphos-méthyl. Ils ont exigé que tous les pesticides contenant les deux substances actives hautement dangereuses ne puissent plus être déversés dans l'environnement et soient immédiatement retirés du marché. Le retrait est justifié et doit être salué. "Toutefois, la période d'utilisation d'un an est inutile et incompréhensible compte tenu de la toxicité de ces substances ", explique Eva Wyss, chef de projet Agriculture au WWF Suisse. "Même après cette interdiction, des dizaines de pesticides hautement toxiques et comparables sont disponibles librement pour l'agriculture, la sylviculture, l'horticulture et les services d'entretien", explique Philippe Schenkel, expert des questions agricoles pour Greenpeace Suisse. Ils contribuent également à la mort des insectes et des oiseaux, menacent la fertilité des sols et sont toxiques pour l'homme. Greenpeace et le WWF Suisse appellent à une interdiction cohérente de ces pesticides.

Philippe Schenkel
expert des questions agricoles pour Greenpeace Suisse
078 790 52 84
Eva Wyss
Chef de projet Agriculture WWF Suisse
079 352 09 47