19 novembre 2024 — Communiqué de presse

Classement du WWF: aucune banque n’est encore en phase avec l’environnement

Aucune des grandes banques de détail suisses n’atteint pour l’instant les objectifs internationaux en matière de climat et de biodiversité. Ce résultat ressort du classement actuel du WWF Suisse. En Suisse romande, la Banque Cantonale Vaudoise n'obtient qu'un résultat moyen et se classe dixième sur quinze. Le secteur bancaire exerce pourtant une influence non négligeable sur la protection du climat.

©
Banknote 100 Schweizer Franken

•    Le WWF Suisse a examiné en détail et pour la troisième fois les 15 plus grandes banques de détail de Suisse afin d’analyser leurs efforts en faveur de la protection du climat et de la biodiversité.  
•    Bien que quelques progrès aient été réalisés depuis le classement de 2021, aucune banque ne parvient encore à se hisser jusqu'aux catégories «Pionnière» ou même «Visionnaire».
•    La Banque Cantonale Vaudoise (BCV) n'arrive qu'en dixième position, ce qui la place dans la moyenne inférieure. La Banque cantonale de Zurich obtient le meilleur résultat, tandis que la SGKB et Valiant ont le plus de retard à rattraper. 
•    La BCV propose aux entreprises des crédits durables à des conditions avantageuses. Il existe toutefois un potentiel d'amélioration dans le domaine des placements financiers et notamment de la prévoyance, où elle ne propose actuellement aucun produit lié à la durabilité. 
•    Au travers de l’octroi de crédits et de placements financiers, le secteur bancaire contribue de manière décisive à l’orientation de l’économie et dispose ainsi d’un levier important pour la protection du climat et de la nature.
 


Citations de Dominik Rothmund, expert en finances au WWF Suisse

«Proposer des crédits durables à des conditions avantageuses est une bonne approche que nous saluons. Cependant, dans le cœur de métier, il manque encore une intégration systématique des objectifs environnementaux et la préservation de la biodiversité n'est guère prise en compte par la BCV.»

«Le secteur bancaire est un acteur décisif dans la résolution des crises environnementales. Sans une orientation cohérente des flux financiers privés vers les objectifs en matière de climat et de biodiversité, nous ne pourrons pas les atteindre.»

«Il est essentiel que les banques soutiennent la transformation écologique nécessaire de l’économie au lieu de la freiner. Elles doivent pour ce faire collaborer aussi avec d’autres actrices et acteurs de la politique, de l’économie et de la société, qui poursuivent les mêmes objectifs.» 
 

©
Bankenrating

Des banques décisives pour la protection du climat et de la nature

Le secteur financier joue un rôle central pour la protection du climat et de l’environnement. D’après le programme des Nations Unies pour l’environnement, des fonds privés pour quelque cinq mille milliards de dollars affluent chaque année dans des activités nuisibles au climat. Le déboisement de la forêt tropicale ou l’exploitation pétrolière en font partie. Seul un pourcent de cette somme est en revanche alloué à la régénération de la nature alors que chaque année, plusieurs milliers de milliards manquent pour parvenir à réaliser les objectifs internationaux relatifs au climat et à la biodiversité.

Une situation grotesque, à laquelle le secteur bancaire suisse contribue également. Aucune des 15 plus grandes banques de détail n’est en phase avec les objectifs qui ont été fixés. En moyenne, elles ne totalisent que 2,2 points sur un maximum de 5 selon le classement environnemental du WWF. Elles se retrouvent donc seulement dans la catégorie «Moyennes». Si les banques ont certes fait les plus grands progrès dans leurs activités centrales «Crédits et financements» depuis le dernier classement, c’est aussi dans ce domaine qu’elles obtiennent toujours les moins bons résultats. La raison principale est que la majeure partie des crédits sert à l’achat ou à la construction de biens immobiliers, qui sont la source d’importantes émissions de carbone. Le secteur du bâtiment est ainsi responsable de presque 40% de la consommation énergétique en Suisse, d’un quart des émissions de gaz à effet de serre et du morcellement du territoire, qui laisse de moins en moins de place à la nature.

La BCV ne contribue pas non plus à détendre cette situation. Elle propose certes des crédits durables aux entreprises ainsi que des hypothèques durables pour l'immobilier. Mais dans tous les domaines examinés, la Banque Cantonale Vaudoise est encore loin de suivre une voie respectueuse du climat.

 

Des progrès qui ne suffisent pas

La plupart des banques, y compris la BCV, ont fait des progrès en matière de gestion des risques. Les conséquences des crises du climat et de l’environnement présentent des risques financiers énormes dont les banques tiennent de plus en plus compte, mais pas encore de manière suffisante. Dans le domaine des conseils de placement, la situation évolue également. Les banques proposent par exemple des fonds en rapport avec la durabilité ou des mesures de soutien pour l’assainissement énergétique des bâtiments. Ces efforts ne suffisent cependant pas encore pour orienter systématiquement les investissements vers les entreprises et les bâtiments durables, comme le montre l’étude.

De manière générale, les efforts des banques en faveur du développement durable se concentrent encore presque exclusivement sur le secteur du climat. Pour l’instant, elles semblent ignorer presque totalement les effets sur la biodiversité, la déforestation ou la pollution de l’environnement et des cours d’eau.
 

Il est possible de faire mieux

La Banque Alternative Suisse (BAS) montre qu’il est pourtant possible de faire mieux. Bien qu’elle ne fasse pas partie des 15 plus grandes banques de détail, son rôle de pionnière lui a valu d’être tout de même soumise à l’analyse. Elle est d’ailleurs la seule à se classer dans la catégorie «Pionnière». La grande différence réside dans le fait que la BAS finance exclusivement des entreprises et des bâtiments apportant une contribution positive au développement social et écologique durable.

Mais les 15 plus grandes banques suivent aussi des approches positives qui méritent d’être saluées. Parmi celles-ci:

•    La BLKB, l’UBS et la ZKB proposent des comptes d’épargne durables. Les banques concernées s’engagent à n’utiliser les fonds d’épargne qui leur sont confiés que pour financer des activités écologiques et durables spécifiques.
•    La BEKB s’est fixé des critères ambitieux pour ses propres fonds de placement. Ceux-ci prévoient que jusqu’en 2030, 80% des entreprises participant au fonds doivent s’être dotées d’objectifs climatiques ambitieux et validés par des tiers.
•    Le groupe Raiffeisen offre aux entreprises et aux indépendants des solutions de leasing pour des installations photovoltaïques. Le but est d’abaisser le seuil d’accès financier à la construction de telles installations.
•    La TKB s’est fixé des objectifs climatiques basés sur des connaissances scientifiques pour l’octroi de crédits aux grandes entreprises et se base en la matière sur la norme reconnue à l’échelle internationale de la Science Based Targets initiative (SBTi).
 

La clientèle des banques peut aussi agir

Les banques de détail réalisent une grande partie de leurs bénéfices en plaçant l’argent qui leur est confié, par exemple sur des comptes d’épargne, notamment sous forme de crédits ou d’hypothèques. Souvent, les épargnantes et les épargnants ignorent que leur argent sert à financer des activités qui portent préjudice au climat. Ce n’est toutefois pas une fatalité. Dans un guide, le WWF explique à la clientèle des banques comment orienter ses économies vers des activités plus respectueuses de la nature et les critères à prendre en compte lorsqu’elle décide de placer de l’argent. 

Définition et méthode

Les banques de détail sont celles qui font des affaires bancaires standardisées avec les ménages et les entreprises. Ces activités comportent avant tout la gestion des comptes, les produits de placement et de prévoyance, ainsi que les hypothèques et les crédits.

L’étude s’est intéressée aux trois domaines stratégiques «Gestion de l’entreprise», «Epargne, placements et prévoyance» et «Crédits et financements». Pour chacun, un maximum de cinq points était possible et permettait, en fin de compte de classer les banques dans les catégories «Visionnaire», «Pionnière», «Bonnes pratiques», «Moyenne» et «Retardataire/opaque».
 

Pour consulter le Classement des banques de détail 2024

Contact: Pierrette Rey, porte-parole du WWF Suisse, pierrette.rey@wwf.ch, +41 21 966 73 75.