Statistique du CO2: tendance au top pour le mazout et le diesel, flop pour le kérosène et le gaz
La Suisse en fait déjà assez pour le climat, selon les autorités officielles. Cependant, les nouveaux chiffres de la statistique du CO2 présentent une image différente. La baisse des émissions provenant du mazout et du diesel est un signe positif, mais nous sommes encore à plusieurs millions de tonnes de CO2 de l'objectif à atteindre.
A ce propos, Patrick Hofstetter, expert en énergie et protection du climat au WWF Suisse:
«Nous sommes particulièrement préoccupés par l'augmentation des biocarburants. Nous ne pouvons pas manger suffisamment de frites pour produire suffisamment de biocarburants à partir d'huiles usagées et de déchets. La Suisse encourage ainsi indirectement la déforestation.
Alors que les émissions provenant des chauffages au mazout et des véhicules diesel ont globalement diminué, celles provenant du gaz naturel ont augmenté. Les statistiques énergétiques montrent également une augmentation significative des carburants utilisés dans l'aviation. Étant donné que cette augmentation compense largement les évolutions positives des ventes de diesel et d'essence, le résultat correspond exactement à ce que l'on peut attendre de la politique climatique hésitante de la Suisse, en particulier dans le domaine des transports.
Pour 2024, cela représente une baisse annuelle de deux points de pourcentage par rapport à 1990. Cela ne suffira pas pour atteindre les objectifs intermédiaires fixés pour 2030. Pour y parvenir, il faudrait réduire les émissions de trois points de pourcentage par an entre 2021 et 2030 par rapport à 1990.
Les données pour 2025 concernant le chauffage au pétrole et au gaz ainsi que les véhicules non électriques montrent que cela ne sera pas une mince affaire. Alors que la part de marché des voitures électriques stagne autour de 20%, les ventes de systèmes de chauffage fossiles sont à nouveau en hausse.
Contrairement aux espoirs du Conseil fédéral, les conditions-cadres actuelles sont insuffisantes pour réduire la consommation d'énergies fossiles au rythme nécessaire. Pour que la Suisse atteigne ses objectifs, une réorientation de sa politique climatique s'impose.»
Le Plan directeur climat suisse 2025, que l'Alliance climatique a publié récemment, montre à quoi pourrait ressembler cette réorientation.