17 février 2022 — Communiqué de presse

Le danger augmente pour les baleines

Le nouveau rapport «Protecting Blue Corridors» du WWF et de la communauté scientifique consacré aux mammifères marins exige des mesures urgentes pour protéger les baleines. En effet, elles font face à des menaces croissantes le long de leurs routes migratoires, où elles risquent notamment d’être prises dans des engins de pêche ou d’entrer en collision avec des bateaux. Ce constat est le résultat de la première visualisation des données satellites de 900 baleines migrantes.

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Humpback whale

Les conclusions du rapport «Protecting Blue Corridors» sont les suivantes:

  • Les baleines sont de plus en plus menacées, tant dans leurs biotopes marins, où elles se nourrissent, s’accouplent, donnent naissance à leurs petits et les allaitent, que le long de leurs routes migratoires, les fameux «corridors bleus».
  • La pêche industrielle, les collisions avec des bateaux, la pollution par des produits chimiques et des déchets de plastique, le bruit, la perte d’habitats et les changements climatiques constituent un parcours du combattant dangereux, parfois mortel, pour les mammifères marins.
  • Les engins de pêche, dans lesquels les baleines s’enchevêtrent, sont l’une des causes de décès les plus fréquentes. Chaque année, près de 300 000 baleines, dauphins et marsouins meurent ainsi dans de grandes souffrances entre l’Arctique et l’Antarctique.
  • Six des 13 plus grandes espèces de baleines sont considérées comme «En danger» ou «Vulnérables» par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), bien qu’elles soient protégées de la pêche commerciale depuis des décennies.

Citation du Dr Margaret Kinnard, WWF Global Wildlife Practice Lead:
«Notre nouveau rapport contient parmi les données les plus complètes à ce jour sur les migrations à grande échelle des baleines. Il montre également à quel point il est nécessaire d’agir rapidement et de manière coordonnée pour éliminer les dangers qui les menacent et protéger leurs principales routes migratoires.»

Le rapport publié aujourd’hui par le WWF «Protecting Blue Corridors» est une analyse conjointe d’océanologues réputés des universités d’Oregon, de Californie (Santa Cruz) et de Southampton, secondés d’autres scientifiques. Les chercheuses et chercheurs ont analysé les données des 30 dernières années réunies par plus de 50 groupes de scientifiques. Le rapport donne une vue d’ensemble complète des «corridors bleus» (routes migratoires) des baleines et des risques auxquels elles sont exposées. Au nombre des cétacés les plus menacés, on trouve la baleine franche de l’Atlantique Nord, en danger d’extinction, qui migre entre le Canada et les Etats-Unis. Sa population de 336 individus est à son point le plus bas depuis 20 ans et on estime que 86% des baleines franches identifiées se sont prises dans des engins de pêche au moins une fois dans leur existence. Dans ces conditions, un décès suffit à mettre en danger toute la population de cette espèce.

Dans les études de cas, le rapport souligne les points critiques et les risques pour les baleines sur leurs routes migratoires annuelles, qui peuvent s’étendre sur des milliers de kilomètres. Un nouveau concept de protection et une collaboration renforcée au niveau local, régional et international sont nécessaires pour préserver ces «corridors bleus». La collaboration avec les Nations Unies, qui entendent conclure les négociations pour un nouveau traité sur la haute mer en mars 2022, est particulièrement urgente. La haute mer, qui représente près des deux tiers des océans, est en effet hors de la juridiction des Etats et il n’existe, à ce jour, aucun accord international visant à protéger les écosystèmes qui s’y trouvent. Les preuves de l’importance des baleines pour la santé des mers et du climat sont pourtant de plus en plus nombreuses: une baleine géante absorbe durant son existence près de 33 tonnes de CO2, ce qui représente la quantité de gaz absorbée par 1600 arbres en une année. Le Fonds monétaire international estime la valeur pour l’homme et la nature d’une seule baleine géante à plus de deux millions de dollars US. La valeur de la population actuelle de grands cétacés serait ainsi d’un milliard de dollars US.

Contact:
En français: Isabel Jimenez, Senior Manager Seafood Markets, WWF Suisse, isabel.jimenez@wwf.ch, 044 297 22 27