28 juillet 2025 — Communiqué de presse

Un accord édulcoré sur les plastiques risque d'être conclu si une petite minorité de pays bloque des mesures efficaces

Le sixième et dernier cycle de négociations en vue d'un accord mondial visant à mettre fin à la pollution plastique débutera le 5 août à Genève et se poursuivra jusqu'au 14 août 2025. Le WWF sera présent sur place et rendra compte des derniers développements.

●    À l'approche des négociations finales sur le traité mondial sur les plastiques (INC-5.2), le WWF appelle les États membres à utiliser toutes les voies procédurales disponibles, y compris la possibilité de voter ou de former une coalition majoritaire pour faire adopter un traité ambitieux, car il est clair qu'une petite minorité de pays continuera à bloquer l'adoption d'un traité significatif si l'on cherche à obtenir un consensus.
●    La pollution plastique menace toute vie sur notre planète et nécessite une solution mondiale sous la forme d'un traité contraignant assorti d'obligations internationales. Si nous ne parvenons pas à cet objectif lors de l'INC 5.2, nous risquons de nous enfermer dans un avenir hautement polluant qui sera beaucoup plus difficile et coûteux à inverser ;
●    Le nouveau rapport du WWF, réalisé en collaboration avec l'université de Birmingham, met en évidence les risques sanitaires croissants posés par les microplastiques, les nanoplastiques et les produits chimiques toxiques, en particulier leur capacité à augmenter le risque de problèmes de santé graves, notamment le cancer et l'infertilité.

La semaine prochaine, les gouvernements du monde entier se réuniront à Genève pour les négociations finales du traité mondial sur les plastiques (INC-5.2). Le WWF les appelle à utiliser tous les moyens à leur disposition pour enfin tenir leurs engagements et forger un traité mondial solide et juridiquement contraignant qui puisse mettre fin à la crise de la pollution plastique. Sinon, ils risquent de rentrer chez eux avec un traité faible et inefficace qui ne fera que perpétuer les préjudices causés à leurs citoyens et aux générations futures.

Les précédentes tentatives visant à finaliser un traité mondial sur la pollution plastique ont échoué, faute de consensus. Face à une petite minorité de pays qui refusent d'accepter les données scientifiques et font obstruction à tout progrès significatif, les pays doivent désormais reconnaître qu'un traité fort et efficace fondé sur un consensus formel est peu probable, et qu'il ne s'agit pas de la seule voie possible.

Les pays peuvent et doivent recourir à des procédures légitimes et bien établies, notamment le vote d'un nouveau texte de traité (utilisé notamment pour l'adoption de la Déclaration universelle des droits de l'homme et de la Convention des Nations unies sur le droit de la mer) ou la formation d'une coalition majoritaire de pays ambitieux afin d'adopter le traité en dehors du processus de la Commission internationale de négociation.

«Dans un monde où la politique est en pleine mutation, ces négociations sont sur le fil du rasoir. Les pays producteurs de pétrole ont utilisé le consensus non pas pour parvenir à un accord, mais pour le saper et le saboter. Ce n'est pas du multilatéralisme. C'est de l'obstructionnisme», a déclaré Zaynab Sadan, responsable mondiale de la politique sur les plastiques au WWF.

« Mais l'absence de consensus ne signifie pas nécessairement une impasse. La majorité ambitieuse doit désormais tracer sa propre voie vers un traité significatif en votant ou en formant une coalition majoritaire. En rejetant toute mauvaise foi et en tirant parti de sa force numérique, la majorité ambitieuse peut élaborer un traité qui contribuera à protéger les populations actuelles et futures. Elle dispose du soutien et des outils nécessaires. Elle doit maintenant passer à l'action », a ajouté M. Sadan.

Les négociations en vue d'un traité mondial sur la pollution plastique sont bien avancées et chaque jour qui passe, 30 000 tonnes supplémentaires de plastique se déversent dans nos océans. Si aucun traité solide n'est conclu lors de la INC-5.2, la tâche de lutter contre cette crise ne fera que devenir plus difficile, plus coûteuse et plus dangereuse pour les populations du monde entier. Le nouveau rapport du WWF, réalisé en collaboration avec l'université de Birmingham, Plastics, Health et One Planet, synthétise près de 200 des recherches les plus récentes et les plus notables, évaluées par des pairs, sur les risques potentiels que la pollution plastique - en particulier les microplastiques et les nanoplastiques (MnP) et les produits chimiques à haut risque associés - représente pour la santé humaine et l'environnement. Le rapport montre que les MnP, ainsi que les additifs plastiques, sont associés à toute une série d'effets biologiques, tels que des perturbations endocriniennes et des cancers liés aux hormones (comme le cancer du sein et des testicules), des troubles de la reproduction et de la fertilité, et des maladies respiratoires chroniques.

Si les recherches se poursuivent, les preuves actuelles justifient suffisamment le recours au principe de précaution, qui consiste à prendre des mesures lorsque des risques crédibles sont identifiés, même en l'absence de certitude scientifique absolue, afin de minimiser les dommages futurs.

«Le principe de précaution a guidé avec succès de nombreux accords internationaux, notamment le Protocole de Montréal de 1987, lorsque les pays ont pris des mesures décisives contre les substances appauvrissant la couche d'ozone avant que la science ne soit tout à fait certaine, prévenant ainsi des millions de cas de cancer de la peau et facilitant la restauration de la couche d'ozone. Forts de cet exemple, nous exhortons les gouvernements et les négociateurs à adopter un traité scientifiquement fondé et juridiquement contraignant qui non seulement s'attaque aux racines de la pollution plastique en incluant l'interdiction et l'élimination progressive au niveau mondial des produits et des substances chimiques les plus nocifs, mais qui fasse également de la protection de la santé humaine, de la faune sauvage et de l'environnement une fonction essentielle», a déclaré le professeur Stefan Krause, professeur d'écohydrologie et de biogéochimie à l'université de Birmingham.

Les négociations à Genève doivent aboutir à un traité fondé sur des règles contraignantes spécifiques soutenues par la majorité des pays afin de lutter efficacement contre la pollution plastique mondiale. Cela signifie un traité qui inclut l'interdiction mondiale des produits plastiques et des produits chimiques les plus nocifs, des exigences mondiales en matière de conception des produits afin de permettre une économie circulaire non toxique, un soutien financier et technique aux pays en développement pour garantir une mise en œuvre efficace, ainsi que des mécanismes visant à renforcer et à adapter le traité au fil du temps.

Contact:
WWF Suisse: Pierrette Rey, porte-parole, >pierrette.rey@wwf.ch>, 021 966 73 75
 

Kontakt:

Sebastian Obrist, Mediensprecher WWF Schweiz, sebastian.obrist@wwf.ch, +41 44 297 22 11