Mongolie: 100 sources pour l’antilope saïga
Depuis des millénaires, l’antilope saïga mongole parcourt les steppes arides de la Mongolie. Mais aujourd’hui, elle est menacée par les épizooties, les hivers rigoureux et le tarissement des sources. Le WWF collabore avec des familles de bergers pour protéger ces points d’eau vitaux.
Dans l’ouest de la Mongolie, l’eau est une denrée rare. Les précipitations et la fonte des neiges dans les montagnes s’infiltrent dans le sol et alimentent les nappes phréatiques. Des sources se forment ainsi dans les steppes et les semi-déserts, fournissant de l’eau potable aux animaux sauvages et domestiques et permettant à l’herbe de pousser dans les pâturages environnants. Ces sources sont vitales pour l’antilope saïga, une espèce parfaitement adaptée aux conditions extrêmes de ce paysage aride. Son nez en forme de trompe filtre la poussière et aide à réguler la température, une caractéristique essentielle dans une région où les températures peuvent atteindre - 40 °C en hiver et plus de 35 °C en été.
Des moyens de subsistance menacés
On estime à
millions le nombre d’animaux de rente vivant en Mongolie, ce qui pose problème aux espèces sauvages telles que l’antilope saïga.
Tout comme les antilopes saïgas, les nomades mongols et leurs troupeaux dépendent des points d’eau. Ils traversent le pays au rythme des saisons, mais le nombre élevé d’animaux de rente en Mongolie (estimé à 65 millions) entraîne une surexploitation des pâturages. La qualité des prairies, également utilisées par les saïgas, s’en trouve détériorée. Sans compter que les troupeaux piétinent le sol autour des sources, ce qui compacte le sous-sol et conduit souvent à l’assèchement des sources. Sans eau, les pâturages disparaissent, ce qui met en difficulté tant la faune sauvage comme les antilopes saïga que les animaux de rente.
Maladies et conditions météorologiques extrêmes
La forte concentration d’animaux d’élevage autour des sources encore existantes facilite également la transmission de maladies contagieuses aux animaux sauvages. Début 2017, des milliers d’antilopes saïgas mongoles ont ainsi succombé à la peste des petits ruminants, une maladie virale principalement transmise par les moutons et les chèvres. Combinée à l’hiver extrême qui a suivi, cela a entraîné une baisse drastique de la population d’environ 11 000 animaux en octobre 2016 à environ 3000 en 2018.
Braconnage
Les longues cornes des saïgas mâles sont utilisées comme remède supposé dans la médecine traditionnelle de certains pays, ce qui a constitué le principal motif de braconnage par le passé. La chasse ciblée des saïgas mâles a par ailleurs déséquilibré le rapport entre les sexes dans certaines populations, entraînant une baisse du nombre de naissances. Mais la menace liée au braconnage a fortement diminué en Mongolie ces dernières années, notamment grâce aux efforts du WWF. Aucun cas n’a été enregistré entre les étés 2023 et 2025.
Industrie et développement des infrastructures
Comme d’autres animaux sauvages, l’antilope saïga souffre des interventions humaines dans son habitat. L’exploitation minière dans l’ouest de la Mongolie consomme de grandes quantités d’eau. Quant à la construction de routes, elle morcelle la steppe et a encore réduit l’habitat de l’antilope ces dernières années.
100 sources protégées pour une meilleure cohabitation
«Nous sommes responsables de la protection de notre environnement. Notre eau potable, notre nourriture et tout ce dont nous dépendons proviennent de la nature. Notre source clôturée le prouve: ce que nous protégeons se régénère.»
Le WWF s’engage dans la région de l’Altaï-Saïan pour une cohabitation plus harmonieuse entre les nomades et la faune sauvage comme l’antilope saïga. La zone de projet, située dans l’ouest de la Mongolie, est à peu près aussi grande que la Suisse et couvre toute l’aire de répartition de l’antilope.
Le projet intervient là où la menace qui pèse sur les saïgas est la plus forte: 100 précieuses sources ont ainsi été clôturées en étroite collaboration avec les bergers et les communautés locales. Grâce à ces clôtures, le sol et la végétation autour des sources peuvent ainsi se régénérer, l’eau recommence à s’écouler en surface et les pâturages redeviennent plus luxuriants.
Les familles de bergers sont chargées, avec les autorités, de l’entretien des clôtures même après la fin du projet. Des agents responsables de la protection effectuent également des patrouilles dans l’aire de répartition de l’antilope saïga et collectent des données sur les populations ainsi que sur les animaux sauvages malades. L’étroite collaboration avec le WWF et les autorités compétentes permet d’intervenir rapidement en cas de braconnage ou d’épizootie.
Dans l’épisode 3 du podcast «Personnel & Professionnel», notre expert en protection des espèces René Kaspar nous explique ce que le WWF entreprend dans la zone de projet en Mongolie pour protéger les antilopes saïga et tire un bilan intermédiaire du projet en septembre 2024.
Écologistes en herbe et élevage durable
Des enfants et adolescents membres d'«éco-clubs» dans des écoles locales participent également au projet à titre bénévole. Ces jeunes aident à mesurer le débit des sources et à enregistrer les progrès réalisés dans l’écoulement des ruisseaux. En collaboration avec le WWF, ils sensibilisent également leurs communautés à des thèmes tels que l’élevage durable.
Le dialogue avec les enfants, les adolescents et les familles de bergers revêt une importance cruciale. Le développement des connaissances et une sensibilisation accrue à l’utilisation durable des ressources naturelles favorisent une transition à long terme vers un élevage respectueux de l’environnement. Cette approche permet de protéger à la fois l’habitat des antilopes saïga et les moyens de subsistance des nomades.
De jeunes membres des «éco-clubs» des écoles locales participent aux mesures de débit des cours d’eau. Les premiers relevés effectués au niveau des sources clôturées montrent que l’écoulement est nettement plus important qu’avant la mise en place.
Le retour des saïgas
Les mesures de protection portent leurs fruits: la végétation repousse autour des sources clôturées, offrant à nouveau un point d’eau et de pâturage aux antilopes ainsi qu’autres animaux sauvages. L’aire de répartition des antilopes saïga recommence à s’étendre et leur population se rétablit. En 2024, on comptait ainsi plus de 20 000 individus, soit une évolution très prometteuse. Les nomades reconnaissent également la valeur ajoutée des clôtures: leurs animaux de rente peuvent à nouveau utiliser les pâturages, une situation gagnant-gagnant pour les êtres humains comme pour la faune sauvage.
Ce que vous pouvez faire
Avec votre cotisation ou un parrainage, vous contribuez de manière décisive à préserver la biodiversité en Asie orientale et dans le monde entier. À vos côtés, nous nous engageons pour protéger des ressources vitales pour les animaux comme pour les êtres humains. Un grand merci pour votre précieux soutien!